Cet article ne prétend pas être un exposé complet, mais simplement un aperçu pour donner envie d’aller plus loin… Il a aussi l’ambition d’attiser l’envie de celles et ceux qui souhaiteraient apporter leur contribution pour faire connaître la littérature comme toute expression artistique croate.
Toutes les informations contenues dans cet article et les poèmes cités sont issus du livre « LA POÉSIE CROATE des origines à nos jours » par Slavko Mihalić et Ivan Kušan aux éditions SEGHERS, 1972 (ouvrage épuisé).
La littérature croate s’est développée dans les mâchoires d’une espèce de tenaille : l’Est islamique et l’Ouest désireux d’ingression. Prenant part à tous les courants littéraires européens du XIVème siècle à nos jours, elle se compose aussi d’une création originale marquée par tous les malheurs de sa communauté.
Au XVème siècle, la Croatie centrale est une partie du Royaume hungaro-croate, alors que des îles et des villes sont sous dominance vénitienne. Les Turcs, venus de l’Est, mettent le pays à feu et à sang.
Le premier texte en langue croate, c’est la « Plaque de Baška » (Baščanska Ploča), écrite en écriture glagolitique vers l’an 1100, preuve d’une littérature personnelle et originale. Elle se trouve dans l’église Sainte-Lucie de Baška.
Au IXème siècle, les disciples de Cyrille et Méthode imposeront une langue destinée au service de l’église, le vieux-slave. Mais les copistes croates y apporteront peu à peu des éléments du parler national, aboutissant au XIVème à l’abandon du vieux-slave.
À la fin du XVème siècle et au début du XVIème siècle, les poètes de la Renaissance de Dubrovnik, influencés par la vie littéraire italienne, conservent une personnalité qui leur est propre. Quand les circonstances politiques mettent à mal l’unité croate, la littérature assuma une tâche d’unification, s’intéressant aux œuvres de toutes les régions de Croatie. Quand la pression turque s’arrêtera, le nord de la Croatie connaitra aussi une flambée de la création littéraire.
La langue littéraire de chaque région a été marquée par les sept siècles de partage du territoire. La littérature croate comprend les trois dialectes : au sud le tchakavien, au nord le Kaïkavien, au centre et à l’est le chtokavien. Ces différences ne font qu’apporter plus de richesse à la littérature. On trouve aussi de nombreuses œuvres en langue latine.
Précisons que les textes notés « J.M. » ont été traduits par Janine Matillon, écrivain français et grande spécialiste de la littérature croate. Elle est notamment l’auteur d’un roman « Les Deux Fins d’Orimita Karabegovic », grand roman de la guerre bosniaque (1996).
Autres traducteurs : P.S. Pierre Seghers / M.A. Marc Alyn
Poètes inconnus du XIVème siècle
Le manuscrit de cette poésie, CANTATE DESSUS UNE TOMBE, est conservé à la Bibliothèque de Paris.
Marko Marulić
Né à Split en 1450, il a écrit en latin et en croate.
Un de ses poèmes les plus connus est la PRIÈRE CONTRE LE TURC, dans lequel il décrit les atrocités vécues par les croates au cours de la domination turque.
Sabo Bobaljević Mišetić
Né en 1529 à Dubrovnik, il écrivit en croate et en italien.
L’extrait intitulé QUAND TU M’AURAS TUÉ, Ô MORT, est emprunté à une épître à Maroje Mažibradić.
Poésie populaire (auteur inconnu)
Un poème : REGARDONS
Lavoslav Vukelić
Né en 1840 à Kosinj (dans la région de Lika) et mort en 1879. Dans le poème À SOLFERINO, il expose ses vues antimilitaristes.
Antun Gustav Matoš
Né en 1873 à Torvanik et mort en 1914 à Zagreb.
Il marque le vrai début de la littérature croate moderne, allant du symbolisme au surréalisme en passant par l’expressionnisme et le futurisme.
Auteur de 80 poésies, de nouvelles, de récits de voyage, ses œuvres comprennent 20 volumes.
On pourra lire LES CHEVEUX CONSOLATEURS.
À l’occasion du centenaire de la mort du poète, un banc sculpture en son honneur a été inauguré le 8 février 2014 au Jardin des Mille Roses de l’Hôpital Corentin Celton d’Issy-les-Moulineaux, réalisé par l’artiste croate Ivan KOŽARIĆ, comme celui qui se trouve dans la ville haute de Zagreb.
Vladimir Vidrić
Né en 1875 et mort en 1909 à Zagreb.
Il n’a écrit qu’une vingtaine de poèmes, dont LE MATIN, mais elles font de lui le plus grand poète moderne, le Verlaine croate.
Miroslav Krleža
Né en 1893 à Zagreb. En conflit avec les autorités austro-hongroises, puis après la création de la Yougoslavie, il rejoint le mouvement ouvrier révolutionnaire. Pilier de la littérature croate (poésie, nouvelles, romans, drames, essais, critiques), son œuvre comprend 36 volumes. Il a une influence très importante dans la formation de l’intelligentsia croate de gauche.
Parmi ses nombreuses poésies, on peut lire DANS LE BROUILLARD.
Dobriša Cesarić
Né en 1902 à Slavonska Požera. C’est un poète « d’une simplicité cristalline et d’une grande pureté d’expression ».
Lisons LA CHANSON DU POÈTE MORT.
Vlado Gotovac
Né en 1930 à Imotski. Il a écrit plusieurs livres d’essais et d’études philosophiques, de la prose, des drames, des articles.
On lira la MÉDITATION PRÉLIMINAIRE À « ÉCHO »
Vesna Krmpotić
Née à Dubrovnik, femme de diplomate. Elle a vécu aussi en Inde, en Égypte. Elle a écrit de remarquables récits de voyages, mais aussi des essais et des critiques.
On lira le RENDEZ-VOUS PLACE AUX FLEURS.
Et pour terminer, quelques LOCUTIONS ET PROVERBES POPULAIRES qui concluent cette anthologie éditée par SEGHERS.
Agnès Cerovecki