Qui est donc cette femme, dont on rencontre la statue face au n° 25 de la rue Ivana Tkalčića à Zagreb ?
Zagorka est son nom de plume.
Elle est née Marija Jurić en 1873 à Negovec, dans ce qui était le Royaume de Croatie-Slavonie. Elle est décédée à Zagreb en 1957, à l’âge de 84 ans. Elle fut écrivaine, journaliste et militante pour les droits des femmes.
Son père était un petit propriétaire terrien, intendant d’un baron de la région de Krapina (au nord de Zagreb). Quand elle a 18 ans, elle publie un article dans une revue le « Zagorje Proljeće » (le printemps de Zagorje) sous un pseudonyme masculin, Jurica Zagorki. Elle fait également du théâtre et envisage de devenir actrice. Ce projet ne plait pas à ses parents qui l’obligent à épouser un employé des chemins de fer hongrois, András Mátrai, de 18 ans son aîné. Elle n’apprécie pas le chauvinisme de son époux, mais elle tient à apprendre quand même la langue hongroise, ainsi que la télégraphie.
Au bout de trois ans, elle s’enfuit du foyer et le divorce met fin à ce mariage arrangé. Elle écrit alors des articles qui sont publiés dans l’hebdomadaire « Hrvatski Branik » et le quotidien « Posavska Hrvatska » sans signature.
En 1896, elle est correctrice au journal « Obzor ». Elle écrit un article qui dénonce l’offensive linguistique contre la langue croate menée par le Royaume de Hongrie dont fait alors partie la Croatie. Grâce à cet article et à l’appui de Josip Juraj Strossmayer, évêque et parlementaire, elle obtient le statut de journaliste, même si le rédacteur en chef n’est pas d’accord. Il ne veut pas qu’on sache que ces articles, qui ont un grand succès auprès des lecteurs, sont écrits par une femme. Elle est contrainte de signer ses articles avec un nom de plume (Zagorka) et de travailler dans une pièce à part, loin des regards des visiteurs et de ses collègues.
Plus tard, les événements politiques écarteront le rédacteur en chef et son adjoint. Elle éditera toute seule le journal pendant 5 mois.
En 1903, elle organise la première manifestation féministe à Zagreb, mobilisant 1800 femmes, pour défendre des femmes typographes qui avaient été arrêtées. Elle sera à son tour condamnée à 12 jours de prison. Elle militera toujours pour le droit de vote des femmes et pour l’égalité homme-femme dans l’enseignement et au travail.
En 1910, Strossmayer lui suggère d’écrire des romans-feuilletons, des nouvelles qui auront pour conséquence l’augmentation importante du tirage du journal.
En 1917, elle participera au Congrès des Femmes Slaves qui a lieu à Prague.
Après la 1ère Guerre Mondiale, elle subira une autre discrimination, celle du mouvement féministe dirigé alors par des universitaires. Contre cette autodidacte, « le savoir devient un pouvoir de ségrégation ».
Elle créera malgré tout deux magazines féminins, le « Ženski List » (1925-1938) et le « Hrvatica » (1938-1940).
Elle se consacrera de plus en plus à l’écriture de romans dans lesquels on retrouvera ses préoccupations politiques, sociales et féministes. Ses romans, mais aussi ses pièces de théâtre, rencontrent un grand succès populaire.
« Abandonner mon stylo signifierait abandonner ma vie. »
Aujourd’hui, son œuvre littéraire et ses engagements sont mis en valeur dans l’ « Appartement Mémorial de Marija Jurić Zagorka » dirigé par le « Center for Women’s Studies » à Zagreb.
Son roman le plus célèbre est « Grička vještica » (La sorcière de Grić). Elle y raconte la vie de la comédienne Nora qui avait le pouvoir de sauver les femmes accusées d’être des sorcières.
Son roman « Mala revolucionarka » (La jeune révolutionnaire) présente le personnage principal, Zlatica, comme une femme engagée et autonome pendant les événements de 1903.
Dans « Magiari o Strossmayeru » (Les hongrois sur Strossmayer), une ménagère donne à son invité une leçon sur l’importance du rôle de la femme dans la société.
Dans « Kći Lotršćaka » (La fille de Lotršćak), le personnage principal, Manduša, a été élevée dans l’objectif de faire un beau mariage. Malheureusement, la rumeur suggérera que Manduša n’est pas d’une pure lignée ce qui la condamnera à l’opprobre. Elle décide alors de sauver un condamné à mort en lui proposant le mariage. Il s’avèrera plus tard qu’elle était finalement d’une lignée pure et que le jeune homme est l’héritier d’une grande famille de la région. Le roman est une réflexion sur le sens du mariage.
Jusqu’à présent, aucun de ses livres n’ont été traduits en anglais ou en français. Quelques-uns l’ont été en allemand.
Dans un vote organisé en 2005 par le quotidien croate « Vjesnik », Zagorka est arrivée en 2ème position dans la liste des écrivains les plus populaires de tous les temps.
Présentation de Zagorka (en croate) :
UNE POPULARITÉ TOUJOURS D’ACTUALITÉ
Depuis une dizaine d’années, l’association d’acteurs HISTRION propose des représentations d’auteurs croates (surtout de Zagorka) ainsi que d’auteurs étrangers traduits librement en dialecte croate de Zagreb (le « kajkavski »).
Ils se produisent dans toutes les villes de Croatie tout au long de l’année et, l’été, à Zagreb à « Opatovina », scène en plein air, dans un parc du centre-ville historique.
Cette année, c’est « Kći Lotršćaka » (La fille de Lotršćak) qui est au programme du 8 juillet au 2 septembre 2017.
La famille Cerovečki a assisté à la Première, ce samedi 8 juillet 2017. Après une introduction par le maire de Zagreb, Milan Bandić, les nombreux spectateurs ont pu apprécier, sous un ciel étoilé, une troupe d’acteurs de grande qualité, à la fois acteurs, chanteurs et danseurs, une mise en scène vivante, un texte riche agrémenté par des allusions à l’histoire de la ville.
Pour connaitre le nom des acteurs de ces représentations, cliquez ici.
Quelques photos de la représentation du 8 juillet 2017 :
L’art naïf est un style figuratif qui ne respecte pas les règles de perspective des dimensions, de l’atténuation des couleurs et de la précision du trait qui diminue avec la distance. On dit qu’il s’agit d’un art « naïf » car il évoque les dessins ou peintures d’enfant. En général, l’inspiration est populaire : paysages de campagne, costumes traditionnels, animaux.
Les peintres naïfs sont souvent des autodidactes. En France, on connait Henri Rousseau (1844-1910), en Haïti, Ossey Dubic.
En Europe Centrale et de l’Est, lors de l’ère du socialisme, ce mouvement s’est beaucoup développé : en Pologne, en Tchéquie, en Russie et dans certaines régions de l’ex-Yougoslavie, mais surtout en Croatie.
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L’école d’art naïf la plus importante est celle de Hlebine créée au nord-est de la Croatie, dans la région de Podravina, près de la frontière hongroise, à l’initiative d’Ivan Generalić (1914-1992), Franjo Mraz (1910-1981) et Mirko Virius (1889-1943), peintres et paysans.
Pour un résumé de l’art naïf selon l’école de Hlebine, voyez cette vidéo :
Pour un aperçu de l’œuvre d’Ivan Generalić, regardez cette courte vidéo :
La spécificité de l’école de Hlebine est la peinture à l’huile sous verre. Les peintres montrent d’abord la condition sociale des paysans, puis après la guerre, ils célèbrent souvent la vie idyllique de la campagne.
Pourquoi ne pas profiter d’un voyage en Croatie pour découvrir cet art si particulier ?
À Zagreb, il faut absolument visiter le MUSÉE D’ART NAÏF qui se trouve dans la vieille ville, tout près de l’église Sv. Marko.
Site Internet : http://www.hmnu.hr/en
Musée ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 13h.
À Hlebine, une visite s’impose à la GALERIE D’ART NAÏF.
Une très belle collection de dessins, peintures, sculptures sur bois et même broderies. Parmi les peintres dont les œuvres sont exposées : Ivan Lacković-Croata, Martin Mehsek et Ivan Generalić.
À la sortie, on peut aussi acheter de belles cartes, des ouvrages sur l’art naïf.
Galerie fermée le lundi. Ouverte de mardi à vendredi de 10h à 16h et samedi et dimanche de 10h à 14h.
Après la visite de la galerie, on peut aussi aller à la rencontre de peintres dont les ateliers sont ouverts au public.
Hlebine est à 1h40 de Zagreb en voiture.
Pour voir un reportage sur la galerie de Hlebine, regardez cette courte vidéo (en croate) :
Et pour le plaisir, regardez cette présentation de l’oeuvre d’Ivan RABUZIN :
Comédienne, réalisatrice, mais aussi scénariste, romancière… elle a été l’un des membres de la bande du SPLENDID.
Les films qu’elle a réalisés ou dans lesquels elle a joué sont très nombreux : la série des « Bronzés », « Clara et les chics types », « le Père Noël est une ordure », « Trop belle pour toi », « Gazon maudit », « Un crime au paradis »… et bien d’autres !
Elle est aussi connue pour ses engagements : membre des Enfoirés, elle soutient aussi les personnes expulsées, sans-papiers, mal logés.
John Malkovich
Acteur, scénariste, réalisateur et producteur, il a participé à plus de 70 films, parmi lesquels : « L’empire du soleil », « Les liaisons dangereuses », « Ombres et brouillard », « Dans la ligne de mire », « Par-delà les nuages », « Dans la peau de John Malkovitch ».
Il a vécu une dizaine en France, il parle très bien le français et est un fervent francophile.
Eric Bana (Banadinović)
Acteur australien (de mère allemande et de père croate), il est d’abord un des acteurs comiques les plus populaires d’Australie, puis il fait une carrière dans des registres totalement différents.
Dans sa filmographie, on note par exemple : « Hulk », « Munich », « deux sœurs pour un roi », « Hanna », « Du sang et des larmes », « Le Roi Arthur ».
Branko Lustig, co-producteur de films comme « La liste de Schindler »
MUSIQUE
Ivo Pogorelić, pianiste
Il a commencé le piano à 7 ans. À 12 ans, il est parti étudier au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Sa renommée date d’une « mention honorable » qu’il a obtenue au Concours International Frédéric Chopin à Varsovie. Son élimination au 2ème tour avait provoqué la démission de Martha Argerich qui le considérait comme un génie. C’est alors que sa carrière s’est envolée.
Il a donné des récitals comme soliste et joué avec les orchestres les plus prestigieux, dans le monde entier. Il a enregistré des œuvres de Bach, Beethoven, Brahms, Chopin, Liszt, Ravel, Scarlatti et bien d’autres. Il a cessé d’enregistrer après la mort de son épouse (qui avait été son professeur à Moscou).
Goran Filipec, pianiste
Né en 1981 à Rijeka, il a gagné des prix dans des concours internationaux, comme ceux de Los Angeles, Monterrey et Parme.
Il a donné des récitals dans le monde entier : au Carnegie hall de New-York, à l’Auditorium de Milan, à la Philharmonie de Paris, mais aussi en Amérique du Sud, au Japon.
Dans sa discographie : Rachmaninov et Mussorgsky (2006), Liszt’s anniversary resonances (2012), les pièces pour piano et les sonates pour violon et piano de Ivo Maček (2014), Liszt : grandes études de Paganini (2016)
Il a participé plusieurs fois à l’émission « La boîte à musique ». Ci-dessous une de ces émissions dont le thème était « la musique militaire ».
Helen Merrill (vrai nom : Jelena Milcetić), chanteuse de jazz
Elle est née en 1930 à New-York, ses parents sont croates, originaires de l’île de Krk. Sa carrière couvre plus de 50 ans. Elle s’est produite en concerts et dans de nombreux festivals de jazz dans le monde entier et elle a enregistré avec les plus grands noms du jazz : Charlie Byrd, Bill Evans, Stan Getz, Gary Peacock, et d’autres encore.
Stijepo Gled Markos est un ténor croate de Dubrovnik, la « perle de l’Adriatique ». Il est à l’origine de la création dans sa ville du Festival SENTIMENTO, festival international de l’éducation culturelle et de la réhabilitation.
L’objectif de ce festival est d’utiliser la musique et le son pour la réhabilitation des personnes porteuses de handicap et de les intégrer dans la communauté. Ils contribuent en tant qu’artistes et créateurs avec l’aide d’enseignants et musicothérapeutes en composant des morceaux de musique qui sont exécutés ensuite par des musiciens de renommée mondiale.
Nous vous recommandons particulièrement de regarder la vidéo ci-contre. Vous comprendrez l’esprit de ce festival. Il s’agit d’une interview du Prof. Nigel Osborne, compositeur et musicothérapeute. L’interview est faite par Stijepo Gled Markos. Cette vidéo est en croate, sous-titrée en anglais.
Plusieurs artistes ont été invités pour l’édition 2016, autour de Markos et de l’Orchestre Symphonique de Dubrovnik, dont Nenad Bach en particulier, venu des USA, et Anna K. Eaves venue de notre région.
QUI EST ANNA K. EAVES ?
Née à Paris de parents britanniques, Anna est une artiste, auteure, compositrice, chanteuse et musicienne qui perdu à 26 ans (AVC) l’usage de son côté droit (hémiplégie) et de la parole (aphasie). Elle vit à Pibrac avec son compagnon, franco-croate, Stéphane Novak.
Aujourd’hui Anna a 35 ans. On peut entendre sa voix et ses chansons en allant sur son site en cliquant ici.
Pour vous donner envie d’en connaitre plus sur Anna Eaves :
On peut rêver… et si on organisait un SENTIMENTO dans notre région ?
Les biscuits traditionnels croates « Paprenjaci » sont faits avec un mélange subtil de miel et de poivre noir, ainsi qu’avec les ingrédients suivants : œufs, beurre, noix et noisettes et autres épices comme cannelle, clou de girofle et noix de muscade.
Cette recette unique n’est pas la seule particularité de ces biscuits. Ils sont faits grâce à des moules en bois.
La recette de ces biscuits daterait du XVIème siècle pendant la Renaissance. On en dégustait toute l’année, mais plus particulièrement au temps de Noël. Les biscuits étaient faits en famille par les mères et grands-mères, les enfants étant chargés de leur donner leur forme avec les fameux moules en bois.
Le célèbre écrivain croate August Šenoa a parlé de ces biscuits dans son livre Zlatarovo zlato (Goldsmith’s Gold) :
« And thus it came to pass that she was called the Paprenjak lady: over the length and breadth of the city there was not a woman, noble or common, who could bake paprenjaks in the way that Magda knew. Day in and day out there was a run on her paprenjaks, and the city judge Ivan Blažeković himself was known to leave a pretty penny in her purse every so often. » A. Šenoa, Zlatarovo Zlato, Mladost, Zagreb 1973 p. 6